L’Etat, ce grand absent du Forum international de la cybersécurité


L’Etat, ce grand absent du Forum international de la cybersécurité

Les absents ont-ils toujours tort ? Les allées du Forum international de la cybersécurité (FIC), qui se déroule depuis mercredi 5 avril à Lille, étaient bondées. Mais comme annoncé, les services de l’Etat ont largement boudé l’événement, l’un des salons phares de la cybersécurité en France. Une édition placée sous le signe de la confiance... mais dans le cloud.

Ces dernières semaines, sur fond de suspicions sur les activités réelles d’Avisa Partners, le co-organisateur de l’événement, les défections de l’administration ont viré au feuilleton. Avec tout d’abord le retrait du ministère des Armées, qui avait signalé ne pas vouloir louer de stand. Les militaires ont été ensuite suivis par l’Anssi et les services du ministère de l’Intérieur, dont la Gendarmerie nationale, pourtant l’autre organisateur de cet événement qu’elle avait lancé en 2007.

Travail collectif

Si les services de l’Etat n’ont quasiment pas loué de stand, ils n’ont pas séché totalement l’événement, qui a attiré 19 500 personnes à son ouverture mercredi.

Vincent Strubel, le patron de l’Anssi, a ainsi fait une intervention en conférence plénière, ce jeudi 6 avril. Le chef du cyberpompier français a prudemment évité le sujet qui fâche, en signalant notamment l’importance du travail collectif « pour que la France reste une grande nation cyber ».

« Nous avons plus que jamais besoin de vous, de l’écosystème », a ajouté Vincent Strubel, avant d’insister sur le sujet prioritaire en ce moment à l’Anssi : le développement d’une offre de services « de prêt-à-porter » à côté de la haute couture déjà pratiquée. Jean-Noël Barrot, le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, a également fait une intervention vidéo enregistrée.

« C’est nul »

Mais derrière ces têtes d’affiche de l’administration française, c’est quasiment le désert. Par exemple, l’intervention du patron du Comcyber, le général Aymeric Bonnemaison, a finalement été annulée. « C’est nul », se désole une figure française de la cybersécurité. « Il peut y avoir des différends entre la DGSE et Avisa Partners, mais il faut le dire. Là, c’est plus une suite de non-décisions. »

La forte présence de représentants de l’Etat, du cyberpompier aux gendarmes, en passant par les policiers et les armées, était pourtant jusqu’ici l’un des atouts de l’événement. Ce qui permettait d’entendre des expertises publiques parfois difficiles d’accès. Le salon pouvait ainsi se targuer d’être une incarnation du partenariat public-privé tant vanté dans la cybersécurité.

Hécatombe publique pas totale

L’hécatombe n’a toutefois pas été totale. Des représentants de l’Anssi et de Viginum, deux services du SGDSN qui dépendent de Matignon, sont ainsi intervenus au cours de la conférence sur la réponse aux incidents et l’investigation numérique, un événement associé au FIC. Et la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières, qui dépend de Bercy, avait également maintenu son stand, une présence devant servir à attirer de futures recrues.

On pouvait enfin croiser au détour des allées des agents de l’Anssi ou des armées, venus assister à l’événement, mais en nombre plus réduit qu’habituellement. « C’est une grosse déception, cela pose la question de notre participation l’année prochaine », regrette ce représentant d’une entreprise de cybersécurité, qui comptait pourtant proposer ses solutions aux administrations.

« On a appris tardivement le retrait des services de l’Etat, à quelques semaines du salon, sans que l’on puisse se retourner », ajoute-t-il. Au contraire, pour cet autre expert français du secteur, les journées ont été bien remplies et fructueuses. « Cela n’a pas changé nos plans, mais le salon perd l’une de ses spécificités », résume un troisième exposant.



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Catégorie article Technologies

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